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Risa Wataya
Traduit du japonais par Patrick Honnoré
Philippe Picquier - 2009
9782809700879

Résumé éditeur : L'étrange début dans la vie d'Asako, lycéenne de terminale qui a déserté la guerre des examens, et de Kazuyoshi, un petit génie de l'informatique de dix ans, qui se lancent tous les deux dans la gestion d'un site de conversation pornographiques sur Internet.
Après avoir fait le tour des dangers et des mensonges du monde virtuel, Asako et Kazuyoshi retourneront à la solitude fondamentale de l'enfance face aux adultes et à l'avenir.
Écrit à dix-sept ans pendant ses vacances d'été, le premier roman de Wataya Risa : un subtil composé d'innocence, d'allégresse et de désespérance.

Mon avis : Si j'avais beaucoup aimé la première nouvelle lu de cette jeune auteure (Appel de pied), j'avoue être restée sur ma faim dans celui-ci... Le lecteur est directement plongé dans une conversation entre la narratrice et son seul ami (si l'on peut dire ça). Alors qu'il lui propose de la couvrir auprès des professeurs pour qu'elle sèche quelques jours les cours, Asako a la ferme intention de tout arrêter en pleine année de terminale. Pour ce faire, un grand vent de changement l'oblige à faire le vide dans sa chambre et même à se séparer de l'ordinateur que son cher et défunt grand père lui avait offert. Je n'ai pas réussi à m'attacher à ce personnage si distant de tout même après sa rencontre avec le jeune Kazuyoshi et de leur petit boulot fait sur ce vieil ordinateur qui lui était si cher en souvenir. Néanmoins, il y a une vraie coupure entre son attitude au moment de tout arrêter et l'instant où elle comprend que son travail sur un chat pornographique se termine. Elle ne déteste plus les gens, elle veut créer une relation avec eux, dommage que le récit soit si court car développée cela aurait eu un rendu plus fort selon moi.

Profession du père
Sorj Chalandon
Grasset - 2015
9782246857136

Résumé éditeur : « Mon père disait qu'il avait été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Eglise pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Un jour, il m’a dit que le Général l’avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m’a annoncé qu’il allait tuer de Gaulle. Et il m’a demandé de l’aider. 
Je n’avais pas le choix. 
C’était un ordre. 
J’étais fier. 
Mais j’avais peur aussi…
À 13 ans, c’est drôlement lourd un pistolet. »

Mon avis : Si Le Quatrième mur m'avait complètement pris aux tripes, ce nouveau roman ne laisse pas indemne le lecteur. Alors que son père vient de mourir, le narrateur se replonge dans son enfance : la peur, la violence et surtout les mensonges omniprésents dans cette famille peu ordinaire. On ne tombe pas simplement dans l'horreur d'un enfant battu, c'est surtout la mythomanie qui prédomine l'horreur car plus on avance, plus on se dit que même enfant il ne peut croire à une chose aussi grosse et pourtant tout ira de mal en pis à travers la haine que témoigne le père face aux changements de la société française dans les années soixante. C'est un roman parfait, certes pas très joyeux, qui captive pourtant du début à la fin de cette vie dans laquelle le jeune Emile Choulans a grandit aux côtés de son père. Une histoire tout de même dérangeante surtout lorsque l'on sait qu'elle contient une part autobiographique..

L'Abeille Noire ou les Aventures d'une jeune Armoricaine à Saint-Domingue
Thierry Conq et Ronan Robert
Carpentier - 2015
9782841679584

Résumé éditeur : Été 1755. Awen Le Du, fille d'un humble pêcheur breton de Cornouaille, se voit contrainte de quitter brutalement sa Bretagne natale, déguisée en homme, dans l'espoir de retrouver son frère disparu. Elle rêve de liberté, d'exotisme et d'aventure. Que va-t-elle rencontrer ? " Nous avons tous fait des vœux. Awen : le pire est parfois qu'ils se réalisent ! "

Mon avis : Un vrai roman d'aventure avec son lot de mystères, d'amitiés et de trahisons en partant de France pour Saint-Domingue, en passant par Londres. De quoi satisfaire tous les lecteurs désireux de prendre le large à travers l'aventure de cette jeune fille, travestie et mêlée malgré elle à mille et uns complots avec pour trame de fond l'esclavagisme et l'émancipation féminine. Un très bon roman écrit à quatre mains que je vous recommande fortement !

Là où tombe la pluie
Catherine Chanter
Traduit de l'anglais par Philippe Loubat-Delranc
Les Escales - 2015
9782365691253

Résumé éditeur :  En quittant Londres pour la campagne, Ruth et son mari Mark Ardingly pense pouvoir reconstruire leur vie à La Source, une propriété qui les séduit instantanément. Le rêve est de courte durée : une sécheresse hors du commun s'abat sur le monde mais épargne mystérieusement leur terre qui reste fertile et luxuriante. Le couple doit alors affronter la jalousie de ses voisins agriculteurs, l’intrusion du gouvernement et surtout le fanatisme d'une secte, la Rose de Jéricho.
Ses membres s'insinuent dans la vie de Ruth et Mark, de leur fille, Angie, et de leur petit-fils, Lucien. Les relations s'enveniment entre les habitants de La Source ; la tension monte et culmine en un crime odieux.
Accusée de meurtre, Ruth est assignée à résidence. Seule dans cette enclave, elle se entreprend de reconstituer le puzzle de la tragédie qui a détruit son mariage et sa famille, et se décide à affronter ses plus grandes peurs pour comprendre ce qu'il s'est vraiment passé cette nuit-là à La Source.
Un premier roman obsédant et hypnotique servi par une écriture saisissante.

Mon avis : Pour une fois, l'éditeur n'abuse pas en disant que c'est un roman hypnotisant, car dès les premières pages j'ai été totalement absorbée. En effet, on commence par apprendre que suite à un procès, la narratrice va regagner sa maison dans le cadre d'une assignation à résidence. On comprend qu'il y a eu meurtre, que retourner dans sa maison vide est un effort très dur qui entraine bien plus de choses qu'une simple crise de solitude  mais ce que l'on ne sait pas jusqu'au bout c'est pourquoi et surtout qui ? Car à mesure que Ruth tombe dans les profondeurs abyssales de la dépression, elle nous raconte son arrivée à La Source, pourquoi cet endroit et puis la désillusion de ce couple qui pourtant semblait solide. Il est difficile de donner le thème principal de ce livre pour la bonne et simple raison qu'il n'a pas des allures d'enquêtes à proprement parler. Il se lit autant comme un drame, comme un roman d'anticipation où la pluie a cessé de tomber, comme un roman dénonçant l’extrémisme de certaines religions. Là où tombe la pluie c'est tout ça à la fois dans une atmosphère oppressante de huit-clos où chacun avait la possibilité de commettre l'irréparable comme envouté par La source. Lieu de paradis ou véritable enfer ? J'ai dévoré ce livre avec beaucoup d'engouement et même si l'on se doute de la fin, l'auteur réussit à nous faire douter jusqu'au bout de chacun des personnages y compris de la narratrice elle-même.

Lu et approuvé !

Les Échoués
Pascal Manoukian
Don Quichotte - 2015
9782359494341

Résumé éditeur :  1992. Lampedusa est encore une petite île tranquille et aucun mur de barbelés ne court le long des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Virgil, le moldave, Chanchal, le Bangalais, et Assan, le Somalien, sont des pionniers. Bientôt, des millions de désespérer prendront d'assaut les routes qu'ils sont en train d'ouvrir.
Arrivés en France, vivants mais endettés et sans papiers, les trois clandestins vont tout partager, les marchands de sommeil et les négriers, les drames et les petits bonheurs.

Mon avis : C'est un roman que l'on commence avec le sourire, léger on se dit que l'histoire d'un clandestin moldave sera peut-être avec de l'humour, et puis on découvre Assan et sa fille et là, tout devient tout de suite plus sérieux, surtout quand l'on sait que ce qu'ils subissent fait partie de l'Histoire. On suit chacun évoluer, survivre en se concentrant réellement sur le moldave et le somalien. Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai adoré ce livre néanmoins; il est plutôt bon, très actuel même. Ce qui m'a légèrement gêné c'est que l'auteur évoque ces quatre destins comme étant les pionniers en matière d'immigration en France alors qu'à aucun moment on ne les voit vraiment être les premiers... ils connaissaient les passeurs parce que X ou Y personnes du village avait déjà fait le déplacements. Ils n'ont donc rien de pionniers à mon sens et c'est le seul petit détails qui a retenu mon attention. Tout n'est pas noir ou blanc mais ce roman reste très encré à la réalité. L'auteur nous transmet ainsi le cercle vicieux qui sert aux passeurs et aux réseaux de faire leur beurre sur le dos de gens désespérés, exclus de notre société qui est à leur yeux le seul espoir de faire vivre leur famille.