Les Vallées closes
Mickaël Brun-Arnaud
Robert Laffont - 2023
9782221264492 

Résumé de quatrième de couverture : Qui peut dire ce qu’il s’est vraiment passé cette nuit où Paul-Marie, employé de mairie bien sous tous rapports, a recueilli chez lui Enzo, jeune adulte atteint de déficience intellectuelle ? Dans ce village reculé de Provence où les préjugés sont rois et où l’on condamne toute forme de différence, la vérité importe peu. Et Paul-Marie est contraint de se cacher dans le grenier de Claude, sa mère, pour échapper à la vindicte populaire.

Mon avis : Un roman très fort et percutant qui ne laisse pas indifférent. Si je devais choisir deux mots pour le définir je dirais poisseux et rugueux. Si vous aviez lu le roman jeunesse de l'auteur ne vous attendez pas du tout à un style similaire, on est ici dans un texte brut, cru qui se veut noir et complètement malaisant par moment.
Nous suivons trois personnages dans la campagne provençale. D'abord Claude, enfant du pays avec un père qui voulait avoir un garçon et non une fille, qui épousera un homme dur et bourrin avec ses deux enfants. Elle cache son cadet accusé de pédophilie sur une enfant autiste. Puis vient Paul-Marie et son enfance dure pour un petit garçon constamment rabaisser du fait de son prénom et de ses goûts trop "bonne femme" pour son père. Qui n'assumera que timidement son attirance pour les garçons en grandissant et enfin Enzo, un jeune adulte autiste qui vit avec sa mère et a toujours grandi en étant l'idiot du village jusqu'à son stage à la mairie... Un trio avec chacun un passif et un jugement de la société fort, qui nous tord parfois les tripes et qu'on a envie de sauver, d'aider. Personnage prédominant mais non nommable il y a enfin les habitants de ce village : les cancans, réactions violentes à l’encontre de nos personnages par leur mots, leur mépris et leur actes. Qui nous met face à notre propre jugement quand on parle d'handicap, d'accusé de viol etc même si certains paraissent extrêmes je n'ai à aucun moment douter que cela puisse exister puisque la vindicte populaire a toujours été quelque chose de violent et sans appel. C'est ce qui rend le récit très prenant, avec ce doute de ce qui c'est réellement passé ce jour là pour justifier autant de violence.